Durant la Semaine Sainte nous vous proposons une méditation quotidienne, signée par une femme. Aujourd’hui, nous donnons la parole à Anne-Claire Rivollet.
Je ne suis pas maman, mais j’imagine que pour des parents, emmener ses enfants à la messe doit relever d’une ingéniosité exceptionnelle, d’une négociation ferme ou alors d’une autorité sans complexe.
Au moins ces prochains jours, voilà une stratégie que les familles n’auront pas à mettre sur pied ! D’ailleurs peut-être que ce confinement pourrait être une chance : plus de possibilités d’aller à l’église ? Célébrons donc dans nos foyers ! La tradition chrétienne considère d’ailleurs la famille comme une « Eglise domestique » !
Les pastorales des familles des cantons de Genève et de Vaud ont saisi l’occasion pour créer des célébrations à vivre à la maison. Vous trouverez sur le site www.prierenfamille.ch des propositions de liturgies déjà toutes construites, avec les textes bibliques, prières à se répartir, des versions simplifiées ou plus développées de chaque déroulement, des diaporamas pour porter la méditation et quelques rites à préparer et vivre ensemble. Des liens internet permettent également d’avoir un support pour chanter de bon cœur ou simplement les écouter !
Mais il y a aussi une proposition brève, plus symbolique que liturgique, permettant de composer dans notre maison, un « Jardin de Pâques » à faire évoluer chaque jour en disposant des symboles simples, accompagnés d’une méditation rappelant les événements que célèbre la liturgie.
Le soir du jeudi saint vous trouverez par exemple, une animation pour un repas rythmé par des goûts et des saveurs faisant mémoire de notre vie, avec ses douceurs et ses aigreurs… Une occasion à saisir pour partager un repas qui devient un espace d’action de grâce et de bénédiction. Nous trinquerons même avec Dieu !
Mais traditionnellement, le jeudi saint l’Eglise se remémore l’appel au service de la charité par le récit du lavement des pieds. Ce « geste d’entrée » dans le Triduum pascal met en évidence que nos relations et la manière de nous aimer les uns les autres, est au cœur même du Mystère de Pâques. Et Dieu sait (!) si en famille, l’amour réciproque est souvent sujet complexe…
Nous le voyons bien autour de nous, tant de difficultés à demeurer unis ou à l’écoute les uns des autres. Les murs se construisent bien vite, dès qu’il y a des velléités de ruptures dans nos familles.
Comment alors, imaginer « être Eglise » avec tout cela ?
Un enfant m’a dit un jour, alors qu’on parlait du sacrement du pardon : « Dieu, il peut nous aider quand on a du mal avec l’amour. Je crois que c’est comme ça qu’il nous sauve.» Cela pourrait bien être la raison pour laquelle Dieu choisit nos familles pour Eglise, comme lieu pour se révéler. Alors en ces jours où nous allons nous replonger au cœur du mystère de Celui qui nous sauve de tous nos péchés, osons ouvrir nos maisons à sa Révélation.
L’étymologie du mot Eglise rappelle le sens d’une convocation des appelés, assemblée de ceux à qui Dieu donne une mission, ceux sur qui Il compte pour agir en Son nom.
Nous voici donc « convoqués » à faire de nos maisons et de nos relations familiales, un lieu de Dieu, en célébrant le Don, la Passion et la Résurrection de son Fils chez nous.
Oui, nos familles, avec toutes leurs imperfections, sont aujourd’hui choisies pour être l’Eglise !
Je nous souhaite Grâce et Paix de la part du Seigneur pour oser cette vocation !
Que votre « Eglise » soit bénie de Dieu pour ces jours très Saints qui s’ouvrent !
Anne-Claire Rivollet Pastorale des familles Genève, avril 2020
Lectures du jour Mercredi Saint
Crédit image: Philippe Lissac / Godong