Le 8 septembre, l’Église célèbre la Nativité de la sainte Vierge. Au cours de cette fête, les fidèles sont mis en présence de la plus haute sainteté humaine reconnue et vénérée par l’Église, celle de la Vierge Marie.
En ce jour de fête de la Nativité de la Bienheureuse Vierge Marie, nous vous proposons un texte de l’abbé Alain René Arbez sur « Notre Dame » et la piété mariale au Moyen Age.
Cette manière de nommer la Vierge Marie, mère de Jésus, a une histoire : elle est apparue au Moyen-Age, autour du XIème s. C’est un tournant spirituel et culturel, signe de la promotion d’une posture nouvelle des hommes envers les femmes : l’« amour courtois ».
La « Dame » n’est pas seulement la figure féminine idéalisée par les chevaliers, et chantée par les troubadours, elle est l’avènement d’une respectabilité féminine pour enrayer la brutalité des mœurs masculines. « Dame » vient de « domina », équivalent féminin de « dominus » (le seigneur). On y décèle une recherche d’équité, car contrairement aux préjugés en vogue, la culture de cette époque fut extrêmement créatrice.
Dans ce climat, on voit la Vierge mère du Christ représentée avec un immense manteau de compassion qui protège les fidèles. On retrouve ainsi dans cette période troublée la symbolique quête du Graal, mais aussi la vénération de Marie présentée comme apaisante au milieu des vicissitudes. On lui attribue une attention empreinte d’affection maternelle. « Nostre Dame Saincte Marie qui fontaine est de cortoysie… »
A partir du Moyen Age commence une époque où des cathédrales dédiées à Notre Dame sont édifiées, sur un ou deux siècles, et avec un génie créatif que la modernité peut envier. Les sculptures, les fresques et surtout les vitraux mettent en lumière les scènes bibliques essentielles tirées de l’ancien et du nouveau testaments.
En lien direct avec la promotion de l’amour courtois, la vénération de Notre Dame devient, en Occident judéo-chrétien, le marqueur de changements civilisationnels considérables. Le Moyen Age a été déconsidéré aux 19ème et 20ème siècles par la pensée d’historiens de gauche, il a été chargé de toutes les tares, mais des recherches objectives sur ces périodes extraordinaires ont mis en lumière ses réalisations, grâce à des écrivains et historiens comme Régine Pernoud, Jacques Heers et bien d’autres.
A l’heure où nos sociétés voient leurs valeurs sombrer, les cathédrales restent en tant que chefs-d’œuvre du passé le signal de jalons historiques fondateurs de civilisation.
Notre Dame de Paris, incendiée et toujours en cours de réhabilitation, est, avec d’autres édifices dédiés à Notre Dame, un des témoins majeurs de ce message de bienveillance et de paix qui a lui aussi grand besoin d’être restauré.
Abbé Alain René Arbez, septembre 2023
Image : Vierge de Miséricorde par Jean Miraillet, vers 1444. Chapelle de la Miséricorde, de l’Archiconfrérie des Pénitents noirs de Nice.
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