Repoussée à deux reprises en raison de la crise sanitaire, la messe prévue à la cathédrale Saint-Pierre aura finalement lieu le samedi 5 mars à 18h.
Le 16 janvier 2020, les Eglises protestante et catholique de Genève publiaient un communiqué conjoint pour annoncer la célébration d’une messe à la cathédrale Saint-Pierre le 29 février 2020, la première depuis la Réforme.
La nouvelle avait fait rapidement le tour du monde, créant la sensation. L’invitation de l’Eglise protestante adressée aux catholiques genevois à célébrer une messe dans le « temple de Calvin » fut qualifiée d’« historique » par la presse. Mais voilà qu’un méchant virus s’en mêle et joue les trouble-fête de dernière minute. Réuni en session extraordinaire le 28 février 2020, le Conseil fédéral décide d’interdire avec effet immédiat les manifestations de plus de 1000 personnes. La messe est alors reportée. Date annoncée, le 30 mai 2020. A l’époque, personne ne conçoit que la crise puisse se prolonger au-delà des trois mois. Cependant, la pandémie s’installe et la messe est encore déprogrammée sans nouvelle date. C’est donc une célébration longuement attendue qui aura lieu le 5 mars prochain à la cathédrale.
« C’est une joie pour nous d’enfin honorer l’invitation lancée il y a deux ans à la communauté catholique et c’est une grâce de pouvoir enfin vivre ce temps important pour la fraternité entre nos communautés. Ces dernières vivent depuis longtemps des échanges dans les paroisses pour des célébrations partagées dans les différents lieux de culte du Canton. L’invitation de la communauté protestante de Saint-Pierre à la communauté catholique romaine s’inscrit dans ce cheminement œcuménique », affirmait, le 12 novembre dernier, le communiqué de la paroisse protestante annonçant la nouvelle date.
Le choix de date du 5 mars n’est pas anodin. C’est le premier weekend de carême et la célébration prévoit un rite pénitentiel développé, « durant lequel nous allons demander pardon pour nos fautes contre l’unité des chrétiens, et qui permettra de pratiquer le rituel d’imposition des cendres, un geste de conversion pleinement œcuménique », souligne l’abbé Pascal Desthieux, Vicaire épiscopal. « Je me réjouis de cette célébration. C’est la paroisse protestante qui nous invite. Pour le signifier de façon visible, les pasteurs et les membres du Conseil de paroisse vont ouvrir la procession d’entrée. De même, la première prise de parole sera celle du président du Conseil de la paroisse Saint-Pierre, M. Daniel Pilly. Chacun est le bienvenu à cette célébration », ajoute Pascal Desthieux qui présidera la messe et prononcera la prédication, mais sans occuper la chaire de Calvin.
« Nous nous réjouissons de cette célébration, mais sans aucun triomphalisme et avec une profonde gratitude », insiste-t-il. Selon l’abbé, le report a l’avantage de favoriser un climat plus apaisé. La décision de maintenir la messe répond « à notre volonté commune d’aller jusqu’au bout d’un geste oecuménique fort », explique-t-il.
Côté protestant, Daniel Pilly abonde dans le même sens. « Entre-temps l’assemblée générale de la paroisse a voté et approuvé l’initiative » validée il y a deux ans par le seul Conseil de la paroisse. Le projet doit beaucoup aux bonnes relations de la paroisse avec l’abbé Desthieux, dont le mandat de Vicaire épiscopal prendra fin cette année. À l’instar de l’abbé Desthieux, Daniel Pilly se réjouit que cette célébration puisse avoir lieu « avant la fin de mon mandat ». Et à ceux, parmi les protestants, qui manifestent encore des réticences, il répond qu’il ne faut pas oublier l’histoire : « Saint-Pierre est certes un symbole fort du protestantisme depuis le 16e siècle, mais la cathédrale n’a pas été construite au 16e siècle ! Pour cette raison, je pense que c’est un lieu qui concerne tous les chrétiens de Genève ».
Courrier pastoral mars 2022