La Semaine sainte commence par la fête des rameaux. Mais quelles sont les origines de cette fête ? L’abbé Alain René Arbez explique comment elle nous relie à la Bible.
De nombreux fidèles se montrent très attachés à ce bouquet végétal béni par le prêtre, mais très peu ont conscience d’être reliés par-delà les siècles à nos prédécesseurs dans la foi. A l’époque du Christ, commence une grande fête à Jérusalem, le 10 du mois de tishri.
C’est une grande célébration pénitentielle qui fait monter vers Dieu des prières ferventes pour s’affranchir de l’emprise du péché (Yom Kippour). Dans cette liturgie, la communauté vit pleinement le don de la miséricorde de Dieu, par le jeûne, la prière et l’aveu des fautes. Mais Dieu ne pardonnera que les péchés contre lui, car ceux commis contre le prochain exigent une réconciliation personnelle face à face.
Jésus reprend cette même attitude responsable dans le Notre Père : « pardonne-nous nos offenses, et pardonnons à ceux qui nous ont offensés ». Il ajoute même dans son enseignement : « Si en présentant ton offrande tu te souviens que ton frère a quelque chose à te reprocher, va d’abord te réconcilier avec ton frère, et viens ensuite présenter ton offrande à Dieu ».
La fête de Soukkôt, fête des cabanes, rappelle l’exode et la pérégrination vers la Terre Promise. Alors, tout se déroule sous le signe de la joie, car on fait mémoire de l’itinérance d’Israël au désert après la libération pascale des servitudes d’Egypte. Passage de la mort à la vie qui se poursuit sous la guidance des 10 paroles du Sinaï.
Pour que l’assemblée réactualise cette marche vers l’avenir, les membres de la célébration prennent en mains un bouquet constitué d’une branche de palme (loulav), d’un rameau de myrte (hadas), d’un rameau de saule (arava) et d’un cédrat (etrog) : quatre sortes de feuillage qui symbolisent la réalité multiple du peuple de Dieu.
Les rameaux parfumés évoquent les fidèles qui apportent l’odeur agréable de leurs bonnes actions. Les rameaux inodores signifient ceux qui, peu instruits de la Parole de Dieu, ne manifestent rien de particulièrement méritoire. Cela signifie que Dieu prend en compte avec bienveillance l’ensemble du peuple, du fait que le parfum agréable des uns se communique à tous les autres.
Ainsi, le peuple se trouve rassemblé dans la dynamique de la communion des saints. Dans la suite de la liturgie de Soukkôt, on chante le « hoshanna » (viens à notre aide !), et l’assemblée tourne 7 fois autour de l’autel du Temple, en agitant les rameaux tenus à la main. Ce qui représente visuellement la présence enveloppante de Dieu pour ceux qu’il aime, car il entoure son peuple de prévenance et l’étreint dans sa miséricorde.
Depuis la période apostolique, le jour des rameaux et de la passion de Jésus, les fidèles perpétuent les gestes significatifs de l’antique liturgie biblique. Ainsi ils avancent, les palmes à la main, vers l’autel pour exprimer dans la louange la relation de confiance au Dieu créateur et sauveur. Le Père qui par son Fils et dans l’Esprit poursuit son œuvre de rédemption grâce au ministère de l’Eglise du Christ dans les réalités du monde des vivants.
Abbé Alain René Arbez