Comment les fidèles vivent-ils cette période de pandémie et notamment les directives sanitaires qui règlent les messes ? Nous vous proposons un aperçu avec une série de témoignages glanés sur les parvis de nos églises.
“Drôle d’époque ! “, s’exclame un monsieur devant la porte fermée d’une église à Genève. Un panneau accroché à la poignée indique que l’office est “complet” et qu’il n’est plus possible de pénétrer à l’intérieur pour participer à la célébration. « J’attendrai la fin pour entrer et dire une prière”, se console-t-il en cherchant des yeux un banc pour s’asseoir. Masqués, désinfectés, distants les uns des autres, à l’intérieur une cinquantaine de fidèles participent à la messe dominicale. C’est le nombre maximum autorisé par les mesures sanitaires en vigueur en raison de la pandémie
La messe se termine, les fidèles sortent, d’autres en profitent pour rentrer un instant. “La situation n’est pas facile”, soupire une dame. “Au moins, cette année les messes ne sont pas suspendues comme l’année dernière, quand nous avions dû célébrer Pâques devant la télévision”, dit-elle en évoquant les longues périodes sans messes publiques, entre la mi-mars et fin mai 2020, puis encore durant tout le mois de novembre de l’année dernière. Depuis début décembre l’interdiction a été levée mais les célébrations religieuses sont soumises à une série de dispositions dans le cadre de la lutte contre l’épidémie de COVID-19.
Françoise* accepte et comprend qu’il faille respecter les normes sanitaires, mais le système d’inscription mis en place par sa paroisse n’est pas idéal: “Je ne sais jamais à l’avance quand mes petits enfants arrivent à la maison, alors j’essaie toujours de réserver la première messe du matin pour être sûre d’avoir une place.. Cinquante personnes pour une grande église ce n’est pas très logique ! Elle semble vide et ce n’est pas très joyeux”, observe-t-elle. La jauge de 50 personnes est aussi difficile pour les paroisses, qui doivent parfois refuser des fidèles. Une démarche difficile et douloureuse. C’est surtout lors des célébrations de la Semaine sainte que des personnes n’ont pas pu entrer dans les églises et cela en dépit de l’effort de nombre de paroisses qui ont proposé plus de messes.
Pour Eva*, venue aujourd’hui avec son fils, la messe est un moment important de la semaine. “Même si nous devons nous asseoir loin des autres, nous sommes ensemble avec le Seigneur”. Mais elle est inquiète. « Bientôt ils vont tout fermer. Les gens ne font pas assez attention. Il y a du monde partout: dans les magasins, dans les bus, dans les parcs et il y a toujours plus de cas de coronavirus. Ce n’est pas fini !”, s’alarme la jeune maman en ajustant son masque.
Antoine* est venu à la messe avec son épouse et sa fille. “La messe à 50 personnes est bizarre. Ce n’est pas pareil, mais je viens tout de même.. Nous avons regardé les messes à la télévision quand nous n’avions pas le choix, mais c’est mieux de venir. C’est important d’être présent, d’écouter la Parole ensemble, de recevoir la communion. J’ai grandi comme ça, avec le bon Dieu” ajoute ce père de trois enfants.
Marianne*, la trentaine, ne va plus aux célébrations mais elle se rend régulièrement à l’église. “Même avant la pandémie je n’allais pas régulièrement à la messe du dimanche. Aujourd’hui, je vis ma foi plutôt à la maison, aussi par peur du virus. Parfois je viens à l’église pour prier, pour me recueillir, pour dire bonjour à Jésus. Cela me rassure. Ces célébrations sans chants, à distance les uns des autres ne me correspondent pas ”.
Gabrielle* aussi ne sent pas le besoin de participer à la messe. Aujourd’hui elle est venue à l’église pour allumer une bougie. “La foi je la pratique surtout par la prière chez moi et aussi par des actions. Je suis croyante, mais depuis un certain temps j’ai du mal avec l’Eglise. Jésus dit qu’il est présent quand nous nous rassemblons et avant j’allais régulièrement à la messe. Aujourd’hui rarement. Au moins, je laisse la place aux autres, aux personnes pour qui c’est très important. J’essaie surtout d’être chrétienne dans mon quotidien, avec des actions concrètes pour aider les personnes. L’Eglise fait sans doute des bonnes choses, des gestes caritatifs que je ne connais pas. Ces choses sont pour moi importantes”, remarque cette femme d’une cinquantaine d’années.
Fin mars, la pandémie a aussi joué un sale tour aux pères de la communauté des frères de Saint-Jean. Après avoir appris que l’un d’eux était positif au Covid, tous les pères de la paroisse Saint-François-de-Sales ont dû se placer en quarantaine et n’ont pas pu célébrer les messes. Des solutions ont pu néanmoins être trouvées. C’est ainsi, notamment que l’abbé Pascal Desthieux, vicaire épiscopal, a accepté de célébrer la messe des Rameaux.
SD&C, avril 2021
Image: messes et pandémie