,Pour maintenir les liens communautaires dans ce temps si particulier, l’Eglise catholique romaine à Genève, les paroisses et les services ont mis en place différentes propositions de soutien et accompagnement adaptées à la situation actuelle, en investissant le web, les réseaux sociaux, les contacts téléphoniques et épistolaires. Mais comment les fidèles vivent-ils ce temps de confinement ? Comment vivre Pâques à la maison ? Nous avons recueilli quelques témoignages.
Antonella
Je veux remercier ma paroisse. Depuis l’annulation des messes, elle nous envoie des messages par email avec des homélies, des textes pour les enfants. Ils nous fournissent aussi des liens vers des sites que je découvre. Je sais qu’elle prend des nouvelles par téléphone des plus âgés.
« Les rencontres et les messes me manquent »
Les rencontres et les messes me manquent néanmoins. Le dimanche des Rameaux à la maison, n’a pas le même goût pour moi. Je regarde les messes sur Internet, plus qu’auparavant. Surtout les messes du pape François, il nous parle comme un père, il n’oublie personne et il nous incite à servir le prochain avec des paroles qui me touchent.
Je vais fêter Pâques à la maison, avec les enfants. Nous allons préparer des œufs colorés et partager un repas. Je vais allumer la télévision et écouter le Saint-Père. Je me console en me disant que nous serons très nombreux à prier avec lui, pour le bien de l’humanité.
Bénédicte
Ce confinement et les célébrations offertes à la télévision ont renforcé en moi l’appartenance à une Église universelle, me faisant dépasser l’appartenance à ma communauté, qui propose aussi des choses intéressantes.
Le jeûne eucharistique, le jeudi saint ou le dimanche de Pâques, ne me dérange pas car nous avons tellement d’occasions actuellement de « communier » au corps souffrant du Christ avec cette pandémie.
Samedi soir à 21 h à l’heure des applaudissements sur nos balcons, je vais passer un enregistrement de cloches qui dure trois minutes ! Certains y verront peut-être une annonce de la Pâque, qui sait…
Caroline et Paul
Ce confinement imposé qui nous éloigne physiquement les uns des autres sera sans doute une occasion pour la communauté, à la fin de cette période, de faire un bilan sur ce qui nous a vraiment manqué ou pas. Cette réflexion nous permettra peut-être de réorienter les priorités de la vie communautaire. Y aura-t-il de nouvelles façons de vivre ensemble ? Une forme de résurrection ?
« Une forme de résurrection ? »
En attendant, cette relative « mort relationnelle » est pour nous une occasion d’avoir une parole en développant de nouveaux supports pour garder les liens. Cette crise, ce changement ont permis à certaines personnes de la paroisse de prendre une nouvelle place par leurs compétences et leur générosité (univers informatique). Ces expériences multiples ont été révélatrices de nouveaux charismes chez certains, que la communauté a découverts. On se regarde autrement…
Le rassemblement physique autour de l’Eucharistie de Pâques, temps fort des chrétiens, n’aura pas lieu… Pourtant les générosités multiples des personnes prenant soin des autres par des téléphones, des messages, des vidéo-conférences, des textes partagés, de la bienveillance exprimée. Elles illustrent pour nous ce magnifique moment concomitant au partage du dernier repas de Jésus : le lavement des pieds.
Portés et émerveillés par les personnes qui ont réalisé ces nombreux services des uns envers les autres, nous communierons avec elles spirituellement à Pâques. C’est la réalité de nos vies de ces dernières semaines et nous l’offrirons en rendant grâce à Dieu pour ces bienfaits.
Philippe
Comment vivrai-je Pâques dans les conditions actuelles de confinement ? Aujourd’hui je ne parviens pas à me projeter dans l’avenir pour répondre à cette question.
Peut-être parce que l’on pourrait avoir parfois l’impression de vivre le carême, le Vendredi Saint et Pâques, plusieurs fois au cours d’une même journée. Le carême par le confinement et les frustrations qu’il engendre. Le vendredi Saint au moment des infos où l’on peut réaliser ce que sont en train de vivre les personnes impactées par le virus, mais Pâques en découvrant tous les élans de solidarité et la résurgence des liens sociaux.
« Ce qui me manque, c’est le rassemblement des frères et des sœurs pour lire et partager la Parole en partageant nos vies »
Au risque de choquer, l’Eucharistie réduite au sens de recevoir l’hostie, ne me manque pas. Ce qui me manque ? C’est le rassemblement des frères et des sœurs pour lire et partager la Parole en partageant nos vies. C’est à partir de ce moment que la faim de l’Eucharistie se creuse. Pour moi, il y a la faim de la Parole avant celle de l’Eucharistie. Heureusement, la Parole reste à portée de mains quelles que soient les circonstances, par l’entremise de « Prions en Eglise », par exemple.
Nous avons la chance d’être en réseau dans notre Communauté de base. Un groupe avait déjà préparé une célébration avant le confinement pour le dimanche 29 mars. Le déroulement nous a été envoyé par courriel avec suggestions de chants (merci YouTube !). Chacun chez soi, dès 11h, en solitaire ou en famille, nous avons célébré. Après coup, tous les témoignages ont fait ressortir un moment très intense, plein de ferveur et d’émotions. Nous avons vraiment vécu la communauté, malgré l’absence d’eucharistie.
Pour la Semaine Sainte et Pâques, certains vont proposer des méditations. Nous avons notamment reçu de la part d’amis aumôniers dans les maisons de retraite, des animations pour chaque jour. Un choix sera proposé à la Communauté de base. Pour Pâques, je pense que nous nous mettrons d’accord sur une célébration télévisée, catholique et/ou protestante, car notre Communauté est œcuménique.
CathERINE
Chaque matin, devant la flamme d’une bougie, les lectures du jour sont nourriture pour la journée. Elles habitent mes relations aux autres par téléphone, par mail, en couple.
Nous vivrons, en couple, le Triduum et la Veillée pascale avec les divers textes bibliques de la liturgie.
« Nous regarderons et prierons avec le Pape »
Le jour de Pâques, nous regarderons et prierons avec le Pape, nous vivrons la messe télévisée. Peut-être pourrons-nous être avec nos enfants pour le repas de Pâques à la maison en essayant d’être éloignés le plus loin possible les uns des autres. Nous serons cinq en tout, j’espère que nous poursuivrons le repas avec la traditionnelle chasse aux œufs cachés dans notre petit jardin.
Claude
Pâques sans aller à la messe, sans voir mes amis, loin de mes parents…. Ce n’était pas prévu. Je suis à la fois triste et heureux. Cette maladie, ce petit virus, nous a obligé à sortir de nos routines. Je crois que j’ai pris conscience que rien n’est acquis. Pour vivre ma foi, j’ai dû faire des efforts. Je ne peux plus me contenter d’aller à l’église le dimanche, comme avant. Mes prières ont changé, je crois que je cherche autre chose qu’un soulagement, mais une vraie relation avec Dieu.
« Ne plus me contenter d’aller à l’église le dimanche »
Je pense qu’en dépit de la distance sociale, cette épidémie nous a rapproché les uns des autres. Car elle nous concerne tous et elle a besoin de gestes de solidarité. Pâques à la maison ? Pourquoi pas alors. Je pense que je vais regarder la messe à la télévision avec ma famille. Nos prières vont s’unir aux autres. Elles seront adressées aux personnes qui souffrent.
Image: Joshua-Eckstein/ Unsplash
SD&C, avril 2020