Oui, l’œcuménisme est possible ! Il se vit à Genève au Centre œcuménique de catéchèse (COEC) !
Chaque année, une journée portes ouvertes est proposée pour une rencontre, un échange autour d’une thématique et pour faire découvrir ce que nous offrons en matière d’animation et de matériel catéchétique. Cette année elle a eu lieu le 7 septembre.
A Genève, l’œcuménisme se vit également à l’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT) Cette année, Laurence Mottier, pasteure et modératrice (Eglise protestante de Genève, EPG) et Bruno Fuglistaller, prêtre jésuite (Eglise catholique romaine, ECR), tous deux enseignants à l’AOT, sont venus le présenter à l’occasion de la journée portes ouvertes du COEC.
L’AOT a été créé en 1973. Il est soutenu par les deux Eglises EPG et ECR. La théologie n’est pas réservée à la faculté universitaire de théologie mais il appartient à chacun.e de se questionner, de chercher…L’AOT accueille toutes les personnes en questionnement, en quête de sens qui osent des questions. L’AOT, c’est donc faire de la théologie, avancer, cheminer, construire du sens ensemble.
La clef est de débattre des questions de Dieu, de foi dans un regard complémentaire au-delà des différences dans le respect et l’écoute de l’autre, sans tenter de convertir l’autre.
L’AOT propose un parcours de deux ans de questionnements, de rencontres, de cours axés sur l’échange avec comme approches la Bible, la théologie, l’histoire, l’éthique, la philosophie, etc…
Les cours sont animés en binôme confessionnel ou en trinôme pour présenter un sujet avec un accent différent, l’AOT ayant la chance de compter avec des enseignants orthodoxes depuis quelques volées.
L’engagement est pour deux ans, c’est-à-dire deux heures par semaine en après-midi ou en soirée (hors vacances scolaires), avec deux samedis où se vivent des célébrations de l’eucharistie, de la cène et des vêpres orthodoxes.
Le thème de la 25ème volée est Dieu aujourd’hui ? Entre incertitudes et confiance. Le thème permet l’actualisation de notre foi et colore les cours en écho avec ce que nos contemporains vivent ou ce qu’ils pensent vivre.
Une table ronde animée par Caroline Baertschi a réuni nos deux invités avec comme première question pourquoi ce thème ?
Pour Bruno Fuglistaller, le mot entre est la clef de lecture. « Entre », c’est un espace qui permet de passer de l’incertitude à la confiance.
L’incertitude fait partie de nos existences, nous sommes constamment confrontés aux changements, aux remises en question. L’incertitude, c’est aussi l’expérience de la foi. Croire est de l’ordre de l’incertitude comme de la confiance en Dieu.
Incertitudes et confiance, ce n’est pas seulement passer de l’un à l’autre, il y a fécondation mutuelle dans un espace de béance dans lequel Dieu peut intervenir. Abraham et Paul misent sur une parole de confiance qui les fait bouger, avancer avec une incertitude permanente mais également avec une promesse.
Comment cette tension féconde se manifeste-t-elle dans nos vies ? Elle se manifeste dans l‘agir concret, éthique, moral mais aussi dans la créativité. Laurence Mottier rappelle que nous aimons beaucoup les questions à l’atelier. Les personnes viennent avec des questions et repartent avec des questions. C’est ainsi qu’elles avancent, par questionnement.
Dieu ne va plus du tout de soi, aujourd’hui c’est une « catégorie vide », voire une inévidence de Dieu. Nos contemporains sont occupés, préoccupés par ce qui est séculier. D’une part, on observe la transcendance, l’idée de Dieu s’est effritée, et d’autre part, la difficulté d’en parler. Par ailleurs, il y a confusion entre le croire et le savoir, entre le savoir et l’opinion. Est-ce qu’il appartient à chacun.e, individuellement, de définir le critère de vérité ? Comment trouver un équilibre entre douter de tout et tout croire ? Comment construire du sens ?
La foi cohabite avec la raison et inversement Si l’on porte son regard sur les XXème et XXIème siècles, la théologie féministe et noire américaine, toutes deux donnent un éclairage intéressant : l’expérience vécue est en lien avec notre foi et Dieu que l’on interpelle. Car les souffrances, l’émancipation, les discriminations interagissent avec ce que l’on peut comprendre de Dieu.
L’AOT est un espace où Dieu peut se dire. Mais quel Dieu ? Dieu n’est jamais réductible à ce que l’on peut en dire. Le parcours proposé fait bouger, bouscule, c’est une remise en question pour chacun.e. Cela peut être douloureux pour les personnes qui se sont construit une foi personnelle.
Chacun est amené à donner un élément de réponse pour lui, et la vision de l’autre apporte sa contribution au sens.
Inspiré de la théologie de l’enfant, « Les Parlottes des Théopopettes® » est un spectacle de marionnettes qui invite les enfants au dialogue, au questionnement.
Théo, Popette et leurs amis, Giovanni qui vient d’Italie, Mathys qui leur a appris à avoir un regard nouveau sur le handicap et Azhîma une copine de Popette aussi coquine qu’elle, « papotent » sur des thèmes, tels que le pardon, le changement, l’amitié, les droits de l’enfant, la mort, la jalousie, la séparation, etc. Tous les personnages ne sont pas présents à chaque fois.
Chaque spectacle commence par la discussion des marionnettes avec « Madame Florence », (Florence Auvergne-Abric) autour d’un thème. Puis s’ensuit une discussion, une « parlotte » avec les enfants, un dialogue avec « Madame Florence », pour mettre en lumière les points importants du spectacle, et engager une réflexion ouverte dans laquelle chaque enfant peut se situer en fonction de ses propres expériences.
Ainsi, les enfants participent, s’amusent et développent leur propre réflexion philosophique et spirituelle.
Le thème de la parlotte de la journée des portes ouvertes était : « Dieu tu nous écoutes ? Pourquoi y a-t-il des méchants ? »
Il a permis d’aborder différentes questions telles que, c’est méchant ou tu es méchant ? Être méchant est-ce vouloir faire du mal volontairement ? A-t-on conscience de ce qu’on fait, peut-on qualifier cela de maladresse ou de méchanceté ? Pourquoi Dieu permet la méchanceté, le mal ?
On ne met pas le même sens derrière les mots, il est donc nécessaire de définir les mots pour être sûr que l’on parle de la même chose. Quand on se pose en « sachant » devant les enfants, il s’agit d’être vigilant car l’enfant n’a pas les mêmes outils pour se positionner d’où l’importance de leur donner un cadre sécurisant pour permettre la prise de parole avec des outils et d’expliciter le vocabulaire.
« Dire Dieu » ? : Quelques réflexions de participants :
Dire Dieu, c’est faire communauté, c’est chercher ensemble.
Les questions de sens sont présentes chez tous les enfants car ils sont curieux des grands thèmes de la vie.
Ne jamais craindre les questions des enfants. Les enfants sont capables de vivre avec des questions.
A noter que le pourquoi est très piégeant pour les enfants, le parce que ferme tout échange.
Il s’agit d’apprendre aux enfants à élaborer des questions et discuter en communauté en offrant un cadre sécurisant pour leur permettre de s’exprimer en toute confiance.
La journée s’est terminée avec un temps de méditation autour de cette parole :« Voici, je me tiens à la porte et je frappe. Si quelqu’un entend ma voix et ouvre la porte, j’entrerai chez lui et je prendrai la cène avec lui et lui avec moi. » Apocalypse 3, 20
Centre œcuménique de catéchèse, octobre 2021