Seigneur Dieu, notre Père, toi qui nous aimes vivants et créatifs, vois notre silence, notre incapacité à accueillir et à dire la vérité.
En guérissant le sourd-muet, ton Fils Jésus révèle nos limites, il nous libère de notre fermeture d’esprit et de notre manque de parole.
Car ton message de vie ne s’entend que si l’on fait silence : ainsi, dans la langue du Christ, désert et parole (davar) ont la même articulation.
Ceux qui nient ta présence estiment que tu es resté silencieux devant trop de drames humains : lorsque Abraham emmène son fils au mont Moriah pour le sacrifier, lorsque Jésus monte au Golgotha en serviteur souffrant, lorsqu’est perpétré le massacre massif de la Shoah, lorsque sont éliminés les Indiens, les Arméniens, les Tutsis…
Moïse avait mis en garde le peuple : « Et moi je cacherai ma face à cause de tout le mal qui sera fait au nom des fausses divinités ! » (Dt 31,18). Durant l’éprouvant exil à Babylone, Israël avait constaté : « Tu es un Dieu caché ! » (Is 45,15). Aussi, lorsque le psalmiste reprend cet appel : « Pourquoi dors-tu ? » une conviction s’exprime avec force : « Hine lo yanum, ha shomer Israël ! » = « Il ne dort ni ne sommeille le gardien d’Israël ! » (ps 121,4).
Oui Seigneur, au Sinaï tu as parlé à Moïse depuis le Buisson ardent, dont les épines sont la souffrance du peuple, et ton Fils Jésus, moqué en tant que roi des Juifs, a été lui-même couronné d’épines dans sa passion. Lorsque Moïse t’a vu au sein de la ténèbre, il a fait l’expérience de ta présence silencieuse au-delà de nos approches humaines. « Tu as fait de la ténèbre ta retraite » (Ps 17,12). Dans la nuit des mystiques, tu restes en dialogue avec nous.
A distance de nos sens, tu ne nous contrains pas, mais comme le souffle fragile sur le visage d’Elie, tu nous effleures de ton Saint Esprit. Tu es un Dieu d’amour qui veut notre liberté et qui marche avec nous à notre rythme.
Dans notre cheminement souvent hésitant, aide-nous Seigneur à percevoir ta Parole, ton appel à nos responsabilités.
Donne-nous ta force pour que ce monde puisse s’orienter vers la lumière de ton Royaume, et que, dans nos épreuves, nos ténèbres voient poindre le Jour nouveau.
Abbé Alain René Arbez
Crédit image – silence Dieu Photo de Andraz Lazic sur Unsplash