A l’occasion de la semaine de l’Unité des chrétiens (18-25 janvier 2020), nous publions une réflexion sur l’œcuménisme de l’abbé Alain René Arbez.
Contrairement à ce que l’on entend de part et d’autre, l’œcuménisme a un sens bien précis, il concerne spécifiquement les relations entre les chrétiens : catholiques, orthodoxes et protestants. On ne parlera donc pas d’œcuménisme avec les musulmans, avec les bouddhistes, avec les nouveaux mouvements religieux, car ce sont des réalités non bibliques.
En revanche, une véritable dimension œcuménique existe avec les juifs autour de l’alliance, puisque le christianisme procède du judaïsme et se fonde sur la même tradition biblique. Ainsi au Vatican, c’est le même dicastère pour les liens entre chrétiens et les relations avec les juifs, tandis que les religions non bibliques se regroupent dans une structure différente appelée dialogue interreligieux.
A Genève, il existe un groupe de dialogue œcuménique où se retrouvent régulièrement protestants, catholiques et juifs. Il existe aussi une plate-forme de rencontres interreligieuses où se réunissent chrétiens, juifs, musulmans, hindouistes, bouddhistes, et autres formations religieuses.
Lorsqu’on parle œcuménisme à Genève, il s’agit habituellement des relations entre protestants et catholiques qui ont beaucoup évolué au cours de l’histoire. Mais aujourd’hui, la présence orthodoxe apporte une note intéressante dans les échanges interchrétiens. En effet, si catholiques et protestants partagent grosso-modo la même culture mais divergent sur des questions théologiques et éthiques, catholiques et orthodoxes partagent la même foi, les mêmes sacrements, mais sont souvent distants au plan de la culture.
La difficulté quand on parle œcuménisme, c’est que l’on raisonne souvent à partir de critères d’Eglise marqués par le passé lointain, et inévitablement, ce qui est important aux yeux des uns peut en toute bonne foi apparaître accessoire à ceux des autres. Si nous sommes unanimes pour travailler à des relations cordiales entre ministres et entre communautés – et ces collaborations sont nombreuses et appréciées – nous savons qu’il y a encore du chemin à faire pour parvenir à une unité visible.
Il est donc souhaitable de faire entre chrétiens de diverses confessions tout ce qu’il est possible de réaliser ensemble, tout ce qui valorise notre riche patrimoine spirituel commun, puisque notre ressourcement réside dans la même Parole de Dieu. Les champs d’action sont multiples : aumôneries, études bibliques, célébrations en commun, kermesses, actions caritatives, campagnes d’évangélisation, engagements humanitaires, etc.
Mais l’oecuménisme vrai en profondeur reste toujours aussi exigeant, et il nous faut bien admettre que la communion plénière entre chrétiens n’adviendra que le jour où Dieu lui-même la réalisera à partir de nos démarches constructives et de nos sincères conversions réciproques. C’est pourquoi nos célébrations liturgiques ne doivent pas mentir et donner l’illusion que l’unité est déjà accomplie entre dénominations séparées.
Dans le monde complexe et tourmenté qui est le nôtre, nous avons pourtant de véritables opportunités d’avancer ensemble sur ce chemin d’espérance. Beaucoup d’hommes et de femmes autour de nous, jusqu’aux membres de nos familles, sont en recherche de spiritualité pour éclairer leur vie. Prions pour que l’Unité entre chrétiens se réalise : notre monde tourmenté et nos sociétés en crise ont urgemment besoin de nos initiatives pour un témoignage judéo-chrétien formulé « d’une même voix ».
Abbé Alain René Arbez, janvier 2020
AGENDA: Célébration Œcuménique 2020 – Mercredi 22 janvier 2020 à 19h00 A la chapelle du Centre oecuménique, 1 route de Morillon – 1218 Le Grand Saconnex