Rendez-vous cinéma: SpirituELLES
Le printemps rime avec cinéma à l’Eglise catholique romaine à Genève. Depuis désormais cinq ans, le festival IL EST UNE FOI vous donne rendez-vous du 8 au 12 mai aux Cinémas du Grütli pour découvrir ou redécouvrir des films et participer à des débats avec des invités d’exception. Geoffroy de Clavière, Délégué général d’IL EST UNE FOI nous dévoile ici le thème et un aperçu du programme de l’édition 2019.
Depuis 2015 et sa 1ère édition, IL EST UNE FOI tente de sonder les courants de pensées et de spiritualité qui traversent notre société. Au travers d’une approche thématique (Apocalypses en 2018 ou Les origines en 2017, par exemple), nous convions les grands films, les grands auteurs de l’histoire du cinéma, tout en faisant de la place à des films d’actualité plus récente.
Cette double démarche permet de voir ou de revoir des films qui ont marqué l’histoire du 7ème art : Tarkovski, Coppola, Scorsese, Pasolini, Bergman, Ferrara, Pialat, Bresson, Kubrick… pour ne citer que ceux-là, ainsi que des metteurs en scène disponibles comme Jean-Pierre Améris (Martie Heurtin), Eugène Green (La Sapienza), Edoardo Falcone pour sa comédie Se Dio Vuole, les jeunes réalisateurs suisses Jan Gassman et Carmen Jaquier pour L’amère patrie, ou encore les frères Larrieux, habitués du festival de Cannes pour Les Derniers jours du monde ; tous sont venus parler de leurs films dans le cadre des débats qui ont suivi leurs diffusions.
Sonder l’âme humaine, interroger théologiens, enseignants et cinéastes sur la place de l’homme et de la femme dans la société, au travers d’un regard ouvert, liés aux problématiques de foi et de spiritualité, tels sont quelques-uns des éléments qui nous guident tant sur nos choix de thèmes que de contenu.
Cela n’en fait pas un « festival du film religieux ». Il est important de rappeler cette vérité. Godard et Coppola, Ferrara ou Pasolini sont-ils des cinéastes engagés sur le plan de la foi ? Pas forcément. Mais en tant qu’auteurs ils posent des questions avec talent et nous tentons, non de répondre, mais de continuer à travailler sur leurs questionnements.
En mai 2019, nous poserons la question de la place de la femme dans la société, tant sur le plan spirituel que sur le plan de leurs relations avec … les hommes.
Dans une société très patriarcale dans laquelle la femme est (trop) souvent reléguée à un rôle passif, esthétique, vantant beauté et glamour, devenant ainsi égérie du luxe et du consumérisme dans une sexualisation quasi permanente, la révolte gronde et elle est légitime. De nombreux sujets de déséquilibre et d’inégalité entre les deux sexes sont tellement évidents que je ne proposerai qu’un seul exemple : c’est en 1971, sur votation populaire que les femmes obtiennent finalement le droit de vote … A méditer !
Mettre en lumière le cheminement spirituel des femmes, leur combat et leur engagement, et ce, en privilégiant des films de qualité, si possible réalisés par des femmes, et en veillant à une variété de croyances et de styles cinématographiques, tel est notre projet avec cette 5ème édition : SpirituELLES.
Nous vous proposons ainsi quelques magnifiques portraits de femmes : Europa 51, de Rosselini qui met en scène une Ingrid Bergman mondaine et spirituelle qui s’ouvrira aux autres après la mort de son fils ; Thérèse, d’Alain Cavalier qui évoque le parcours d’une sœur dans la discipline du Carmel ; encore une figure féminine historique avec le Procès de Jeanne d’Arc de Bresson, qui nous permettra d’accueillir, pour le débat, Mylène Bresson, épouse du réalisateur disparu en 1999. Incendies de Denis Villeneuve nous permettra d’interroger la terroriste repentie, Souha Bechara (un événement à ne pas manquer). Mêlant thriller et spiritualité, Dakini nous plonge dans une enquête fascinante à la recherche d’une nonne bouddhiste, dans les paysages envoûtants et les monastères du Bhoutan. A ce titre, l’Asie sera représentée dans nos Rendez-vous cinéma avec, en plus, La Forêt de Mogari (Japon) et Secret sunshine (Corée du Sud). La théologienne et auteur Elisabeth Parmentier viendra nous parler de Marie Madeleine (Garth Davies) et les rédactrices en cheffe des revues Choisir, Lucienne Bittar et Etudes (Paris), Catherine Sartous-Lajus, évoqueront le cheminement d’une femme en quête d’identité dans la Pologne de l’après-guerre avec le magnifique film de Pawel Pawlikovski, Ida.
Vous l’aurez constaté, seules les femmes sont conviées cette année à s’exprimer sur les films que nous programmons et cela me réjouit ; j’espère que vous partagerez mon enthousiasme.
Geoffroy de Clavière