Après les scandales de la pédophilie, voici celui des jeunes religieuses abusées par des prêtres. Il y a aussi ces révélations sur un puissant lobby gay au Vatican. Toutes ces affaires nous affectent profondément. Pire, elles voilent la Bonne Nouvelle du Christ dont nous souhaitons témoigner. Pour nous prêtres, il est pesant d’être associé à des pédophiles et des pervers. On n’ose plus avoir le moindre contact avec des enfants, par peur que ce soit mal interprété. Des agents pastoraux laïcs se font interpeller : « Tu travailles pour cette Eglise ? ». Peut-être vous est-il arrivé d’être mal reçus ou même raillés, comme catholiques, au royaume des « tous pourris »…
Non, ils ne sont pas tous pourris. Les quelques – mais trop nombreuses – brebis galeuses ne doivent pas occulter tous les prêtres, agents pastoraux, chrétiens qui font bien leur travail, se donnent de tout leur cœur, aiment Dieu dans leur prochain et se battent pour la justice et la solidarité. Un arbre qui tombe fait plus de bruit que la forêt qui pousse. Mais l’arbre qui est tombé, on ne va pas le replanter ailleurs où il risque bien de retomber et de faire encore de nombreux dégâts !
Face à toutes ces révélations, je ne peux m’empêcher de penser à ce que dit Jésus : « Rien n’est voilé qui ne sera dévoilé, rien n’est caché qui ne sera connu » (Matthieu 10, 26). Voilà qu’aujourd’hui, tout ce qu’on a voulu régler en interne sans faire trop de bruit, en déplaçant discrètement le « problème », voilà que tout rejaillit en pleine lumière, une lumière bien crue, mais tellement nécessaire. Autrefois, quand un enfant se plaignait, on lui répondait : « Tais-toi, et pense à autre chose, sinon on aura des ennuis ». Aujourd’hui, la parole d’un enfant est prise au sérieux, les autorités ne sont plus « intouchables », les victimes sont écoutées et reconnues dans le mal horrible qu’elles ont subi. Il est heureux qu’en Église, nous ayons pris des mesures très strictes. Ces jours-ci, tous les agents pastoraux signent une charte les engageant bien sûr à ne commettre aucun abus sexuel, mais aussi à dénoncer tout abus dont ils auraient connaissance, selon un schéma d’intervention détaillé. Mais aurions-nous fait tout cela s’il n’y avait pas eu cette puissante pression médiatique ?
Lors du sommet extraordinaire des présidents des conférences épiscopales avec le Pape pour réfléchir et lutter contre les abus en Église, une des interventions les plus remarqués a été celle d’une journaliste mexicaine, qui couvre l’actualité du Vatican depuis 45 ans. Elle a interpellé les évêques : « Nous pouvons être alliés, pas ennemis. Nous vous aiderons à trouver les brebis galeuses et à vaincre les résistances (…) Mais si vous ne vous décidez pas de manière radicale à être du côté des enfants, des mères, des familles, de la société civile, vous avez raison d’avoir peur de nous, car nous les journalistes, qui voulons le bien commun, serons vos pires ennemis.»
Nous vivons un temps difficile, douloureux, mais aussi, j’en suis convaincu, nécessaire et salutaire. L’Eglise doit être résolument du côté des victimes, à leur écoute, et continuer d’agir pour prévenir les abus sexuels, en luttant contre toute forme d’abus de pouvoir. Avançons avec confiance, car « la vérité vous rendra libres » (Jean 8, 32).
Bonne montée vers Pâques !
Abbé Pascal Desthieux
Vicaire épiscopal
Comment continuer à vivre notre foi en ce temps de crise profonde ? Accueil mardi saint 16 avril de 16h à 20h au Vicariat épiscopal