Nichée au cœur de Genève, l’Église du Sacré-Cœur porte les traces d’une histoire riche et variée. Depuis sa construction originale en tant que temple maçonnique jusqu’à sa récente transformation en une église du XXIe siècle, chaque étape de son existence témoigne d’un dialogue entre le passé et le présent.
L’aventure du Sacré-Cœur commence en 1857, lorsque le Grand Conseil de Genève, influencé par James Fazy et son désir de reconnaître chaque religion, accepte la construction du Temple Unique sur un terrain concédé par l’État. Construit en 1858, le bâtiment initial, inspiré par le temple de Bel à Palmyre, servait de lieu de culte pour les francs-maçons, permettant une déambulation autour du centre du lieu de culte, évoquant les temples grecs de l’Antiquité.
À la fin du XIXe siècle, le bâtiment a été repurposé, servant de café-brasserie puis de siège pour la section genevoise de l’Internationale ouvrière. En 1873, il subit une transformation majeure lorsqu’il est repris par les catholiques, qui y transfèrent la Paroisse Saint-Germain depuis la Vieille-Ville à Plainpalais, renommant ainsi le site en Église du Sacré-Cœur.
En 1939, une importante transformation du bâtiment fut entreprise, essentiellement pour l’adapter aux besoins et évolutions de la liturgie catholique. De nombreuses colonnes furent supprimées, ouvrant ainsi l’espace intérieur. Les bancs furent élargis, l’agencement du chœur modifié et un autel central posé. Le plafond de la nef fut décoré de motifs symboliques en stuc. Une prolongation du bâtiment fut construite du côté du Conservatoire (et deviendra par la suite la Cure). Quelques années plus tard, Blondin peignit son Chemin de Croix dans l’église.
En 1958, L’Église accueillit la Communauté Catholique de Langue espagnole, qui partagea depuis lors les locaux avec la Communauté paroissiale du Sacré-Cœur.
En 1967, l’Église fut de nouveau l’objet de travaux destinés à l’adapter aux nouvelles prescriptions liturgiques catholiques. Le sol de la nef fut recouvert de travertin. Un nouvel chœur fut installé, où prit place un nouvel autel. Un nouveau tabernacle et un nouvel ambon furent créés. L’arrivée de la lumière dans l’Église fut modernisée.
En 1982, l’on créa des salles de réunion aux 1er et au 2ème étages du bâtiment, ainsi qu’une salle des fêtes au-dessus de l’église. Des travaux furent également effectués à la cure. Enfin, la rénovation complète des façades intervint au début des années 2010.
Le 19 juillet 2018, un incendie dévastateur a endommagé gravement l’église, ne laissant que les façades extérieurs intacts. La reconstruction qui a suivi s’inspire directement de ce qu’ont fait nos ancêtres, et s’inscrit donc tant dans l’histoire que dans l’évolution du bâtiment. Les travaux effectués, n’ont pas seulement visé à restaurer le bâtiment mais à le faire évoluer, donnant naissance à une église modernisée qui intègre un lieu de culte avec des espaces polyvalents comme des bureaux, un restaurant et un espace culturel.