Saint Paul était-il le macho qui s’est rendu célèbre par son injonction : « Femmes, soyez soumises à vos maris… », qu’il convient de compléter : « … comme au Seigneur ; car le mari est le chef de la femme, comme Christ est le chef de l’Église, qui est son corps, et dont il est le Sauveur.… » (Ephésiens 5). Ou alors, était-il le saint qui aimait les femmes ? Ce « Femmes, soyez soumises à vos maris » est bien sûr dépassé – et déplacé – au XXIe siècle et ce n’est pas ce que nous devrions retenir de lui.
Au contraire, Paul a profondément respecté les femmes – Phoibè, Lydie, Chloé, Maria, Persis, Evodie, Syntychè, Prisca et les autres, démontre Chantal Reynier.
Diplômée d’histoire ancienne et titulaire d’une licence de théologie biblique de l’Université pontificale grégorienne à Rome et d’un doctorat en théologie biblique au Centre Sèvres Paris, elle signe un nouveau livre « Les femmes de saint Paul » paru en 2020 aux Éditions du Cerf et présenté dans le cadre des rencontres Une auteur Un livre, proposées une fois par mois par l’Église catholique romaine et l’Église protestante de Genève.
Chantal Reynier fait valoir que Paul appelle par leur nom celles avec lesquelles il partage sa mission. Elles représentent environ la moitié (une trentaine) de ses collaborateurs, ce qui n’est pas rien !
Il les rencontre au hasard de ses voyages ou il les connait de longue date et il en fait d’irremplaçables collaboratrices. Il respecte la personnalité de chacune et entretient des relations interpersonnelles avec elles. Paul n’hésite pas à les interpeller, à leur dire son affection, à faire mémoire d’elles, a souligné l’intervenante.
Ces femmes sont intelligentes. Elles ne sont ni des stars ni des revendicatrices et encore moins des révolutionnaires. Elles croient en Christ et prennent le risque de témoigner librement.
Saint Paul a donc ouvert des voies nouvelles dans un monde romain marqué par la toute puissance de l’homme. Sa vision n’est ni androcentrique ni patriarcale. Aujourd’hui, alors que l’Église et ses institutions sont encore et souvent sous l’autorité exclusive d’une hiérarchie masculine, il convient plus que jamais de retrouver la force vivificatrice des lettres de Paul et des Actes des Apôtres, a fait valoir Chantal Reynier. Rappelons-le, le messianisme même s’il s’est diffusé rapidement grâce aux vents et aux courants dominants en Méditerranée, a été implanté sur tout le pourtour de cette mer par des personnes en chair et en os. Et notamment des femmes aux prises avec la réalité quotidienne de leur temps. Il nous faut donc accepter de relire les Écritures en abandonnant nos a priori pour nous laisser interpeller par ces femmes et être aussi inventifs qu’elles l’ont été dans le chemin de l’Évangile, a plaidé Chantal Reynier.
À l’issue de cette belle évocation des « Femmes de saint Paul », on se saisira avec profit du Compendium de la doctrine sociale de l’Église établi par le Conseil pontifical « Justice et Paix ». Que nous dit-il, en substance, sur l’homme et sur la femme ?
146 « Le masculin et le féminin différencient deux individus d’égale dignité, qui ne reflètent cependant pas une égalité statique, car la spécificité féminine est différente de la spécificité masculine et cette diversité dans l’égalité est enrichissante et indispensable pour une vie sociale harmonieuse. Si l’on veut assurer aux femmes la place à laquelle elles ont droit dans l’Église et dans la société, une condition s’impose: l’étude sérieuse et approfondie des fondements anthropologiques de la condition masculine et féminine, visant à préciser l’identité personnelle propre de la femme dans sa relation de diversité et de complémentarité réciproque avec l’homme, et cela, non seulement pour ce qui regarde les rôles à jouer et les fonctions à assurer, mais aussi et plus profondément pour ce qui regarde la structure de la personne et sa signification ».
À méditer : saint Paul avait raison.
Pascal Gondrand
Janvier 2021
Image : ©Godong