Messes publiques suspendues, rencontres en paroisse annulées… Comment vivre la foi au temps du coronavirus ? Nous vous donnons la parole avec une série de témoignages.
Rencontre avec la famille Alberti.
Je m’appelle Antonella, nous avons vécu le confinement en famille avec Claudio, mon mari et nos 5 enfants de 14, 13 ans, 11 ans, 5 ans et 3 ans. Nous sommes mariés depuis 15 ans, nous sommes italiens (Milan).
Mon mari est arrivé ici en 98, moi, en 2002, mon mari est Ingénieur et moi, femme au foyer. Au début on allait à la mission italienne, après à Notre-Dame. La question de choisir une paroisse est arrivée au moment de mettre les enfants au catéchisme. Une amie, témoin de notre mariage, nous a conseillé la paroisse de Saint-François, ce que nous avons fait.
Je dois avouer que j’étais très triste dans mon cœur, car c’est sans précédent et grave, j’ai ressenti qu’il me manquait quelque chose, aussi pour le lien d’amitié avec les pères de la paroisse. Je vais à la messe régulièrement. Nous avons regardé la messe à la télévision, mais je fais tout pour que ça ne soit pas un spectacle que l’on regarde et avoir un esprit participatif. Le manque de célébrations a finalement renforcé la pratique familiale
De petites choses, par exemple, je m’habille bien comme pour aller à la messe. Nous respections les temps assis, debout, à genoux à la consécration. Avec les enfants nous répondons aux psaumes, nous chantons. Comme si le prêtre est avec nous. Voilà ce que j’ai essayé avec les enfants, mais pour moi ce n’était pas la même chose, car il n’y avait pas le prêtre.
Notre manière de prier a changé. Deux exemples : le soir à table c’est le temps de notre prière commune, car la journée mon mari est au travail. Avec mon mari, nous avons choisi de prier saint Riccardo Pampuri, saint des malades : il était médecin et membre de l’ordre des Hospitaliers de Saint-Jean-de-Dieu et Frère. Nous avons appris la prière par cœur jour après jour, et nous sommes contents d’apprendre cette prière de dévotion envers les malades. Avec les enfants, nous lui demandons d’avoir le même regard pour les autres qu’il a pu avoir. Nous sommes attachés à Saint Riccardo, car pendant les années d’université, nous allions à la messe dans une église où est présente la relique du saint.
Pour les petits, le soir avant d’aller coucher, je lis une histoire puis on a un moment de prière à genoux avec eux. Mais la prière a changé, car on prie maintenant pour ne pas tomber malade et on remercie pour la journée, pour tout ce qu’il y a de beau, pour le soleil, tout bêtement, parce qu’on a pu rester sur le balcon à jouer. On demande la protection pour les médecins, infirmière, malade, et leurs familles. La prière est plus spontanée, plus immédiate, avec une plus grande attention aux petites choses.
Nous n’avons pas pu aller à Milan, voir la famille, alors que nous avons l’habitude de nous retrouver pour cette fête. C’était bizarre de rester à Genève.
Mais le confinement nous a conduits à l’essentiel, nous étions moins distraits par le phénomène de la consommation liée à cette fête et donc par l’achat des œufs de Pâques pour la famille élargie ou la préparation d’un grand repas… C’était tout simple et les enfants ont suivi les célébrations à la télévision avec nous, alors que quand nous sommes en Italie c’est plus difficile, car ils préfèrent passer du temps avec les cousins.
Nous avons suivi la messe sur Jeudi Saint à la télévision. Mon mari et moi, nous avons regardé « la passion du Christ » de Mel Gibson avec les grands en deux parties jeudi soir et vendredi soir. Ma fille aînée n’a pas regardé la deuxième partie en trouvant le film trop dur. Nous en avons parlé ensemble et cela a donné lieu à une belle discussion familiale autour du Christ.
Le vendredi il y a eu l’ostension du Saint Suaire, que nous avion pu voir lors d’une ostension publique, à Turin. C’était une très belle initiative avec les enfants.
Dimanche on a vu la messe du pape. Je ne m’attendais pas qu’elle soit quasiment toute en latin, il n’y avait même pas de sermon en italien, mais le commentaire du Pape était très bien.
Je vois l’effort que les prêtres font en Italie. Ils sortent dans les rues pour bénir les maisons. J’ai vu une chose très belle, dans les Pouilles, où saint Michel est vénéré et le directeur du sanctuaire a ouvert exceptionnellement les reliques pour prendre l’épée de Saint-Michel.
Nous recevons la newsletter de notre paroisse, avec un commentaire d’un des pères, un témoignage des familles ou d’une association qui s’occupe de donner les repas à des personnes seules. J’espère vite retrouver la messe, les sacrements et la possibilité de se confesser, ainsi que la reprise du catéchisme.
A suivre d’autres témoignages sur la foi au temps du coronavirus.
SD&C, avril 2020
Image: foi et coronavirus – Fred de Noyelle / Godong