Messes publiques suspendues durant des semaines, rencontres en paroisse annulées… Comment avons nous vécu la foi au temps du coronavirus ( COVID-19) ? Nous vous donnons la parole avec une série de témoignages.
Rencontre avec Nicolas Baertschi,
« Mon fils me parle encore de ces moments de célébration vécus en famille, à la maison ». Nicolas Baertschi, jeune papa de Sylvain, deux ans et demi, évoque la période de semi-confinement liée à la pandémie comme une retraite « un peu forcée, mais bienvenue » pour la famille.
L’absence de messes durant presque trois mois n’a pas affecté sa pratique de la foi. « En famille, nous avons appris à célébrer à la maison », témoigne Nicolas, assistant pastoral en formation à Genève. Avec sa femme Daniela, plutôt que de suivre les célébrations à travers un écran, ils ont choisi de vivre leur foi en « Église domestique », avec des célébrations et des moments de partage.
Supportable en période de Carême, la privation de célébrations était inconcevable pour Nicolas à l’approche de Pâques : « la fête de la Résurrection est le sommet et le résumé de toute notre foi », explique-t-il. Privés de messe en paroisse, « nous avons donc cherché comment vivre la Semaine Sainte en famille ».
Au début, pour le dimanche des Rameaux, « nous avons improvisé ». Pour le Triduum pascal, « nous avons pioché dans les propositions mises en ligne par les Pastorales des familles de Genève et Vaud sur le site prierenfamille.ch ». Il y en a en a pour tous les goûts : suggestions pour vivre des liturgies à la maison, diaporamas, vidéos, idées de bricolages ou encore les conseils pour apprêter le repas pascal du Jeudi Saint. En s’appuyant sur le site, Daniela et Nicolas ont pu impliquer Sylvain dans les activités et des célébrations. En couple, ils ont médité les lectures de l’évangile du jour.
Pour Nicolas, cette expérience, imposée par les circonstances, a été bénéfique. Elle a permis à la famille « de vivre activement et profondément le mystère pascal ».
Le repas du Jeudi Saint occupe une place particulière dans ses souvenirs. « Mon fils a beaucoup aimé la préparation et la symbolique des gestes qui accompagnent le repas de la Pâque juive. Il faut par exemple tremper le persil dans l’eau salée, pour nous rappeler que la vie n’est pas toujours facile. Après on goûte le harosset, un mélange doux, pour souligner les moments de joie de notre existence. Nous avons expliqué le sens de ces traditions à Sylvain et chacun a pu partager ses émotions et sentiments », souligne Nicolas.
Autre temps fort, le lavement des pieds en famille. « Nous avons choisi une variante simplifiée de la célébration, plus adaptée à l’âge de mon fils. Il a été très marqué par ce rite et il nous en parle encore. C’est un geste merveilleux. Même un enfant de deux ans en comprend bien le sens ». Nicolas évoque également la veillée pascale, le soir du samedi saint.
« Nous avions préparé une pièce sombre, où nous avions mis une icône du Christ. Nous sommes entrés dans cette obscurité avec nos bougies, en chantant, avant de lire l’évangile, d’accomplir le rite avec l’eau baptismale et de dire une prière, avant la bénédiction. C’était très fort de célébrer ce moment à trois, à la maison. Sylvain a vraiment pu participer, mais le matin de Pâques, il dormait ! Avec mon épouse nous avons alors médité la lecture du jour, avec une lectio divina, et donc des moments de lecture, de silence et de partage », raconte Nicolas.
Depuis fin mai, les offices religieux ont pu reprendre, mais les normes sanitaires sont toujours en vigueur. Les Baertschi continuent à organiser à la maison les célébrations du dimanche.
« Mon épouse est enceinte et nous ne souhaitons pas prendre de risques. Après la naissance de notre deuxième enfant, nous allons bien sûr retourner à la messe dans notre paroisse, car la communauté est importante. Mais nous avons découvert une manière de célébrer sans messe et d’être en lien avec Dieu. Nous nous sommes rendu compte que nous pouvions vraiment partager notre foi en famille et vivre quelque chose de fort. A la messe, nous vivons ce que l’on nous propose, alors que dans ce contexte particulier nous avons dû créer nous-même les moments de célébration, avec des propositions que nous avons cherchées, trouvées et adaptées. Ce faisant, on devient vraiment acteur ».
SD&C, juin 2020
Crédit image de couverture: la foi au temps du coronavirus, site prierenfamille.ch, repas pascal