L’Atelier Œcuménique de Théologie (AOT) lance sa 25ème volée en septembre 2021 . Sur le thème « Dieu aujourd’hui ? Entre incertitudes et confiance », le parcours de formation de l’AOT s’interroge sur la place de Dieu dans notre monde. Devant les incertitudes qui nous assaillent est-il possible d’avoir confiance en la vie ? Est-il encore possible de croire en Dieu ? Et en quel Dieu ? Ces innombrables interrogations seront abordées au cours des deux années que durera ce nouvel Atelier.
Rencontre avec Anne Deshusses-Raemy
Responsable du Service de la Formation à la Mission Ecclésiale (ForME) de l’Eglise catholique romaine à Genève, enseignante et codirectrice catholique de l’AOT.
Anne Deshusses-Ramy : L’AOT c’est ouvrir le questionnement des gens. Donc, non, nous ne répondrons pas à cette question « Dieu aujourd’hui ? » mais nous la poserons et nous la reposerons pour que les participants y réfléchissent et que nous cherchions ensemble comment y répondre. La seule vérité du christianisme c’est le Christ. C’est un Dieu qui se compromet dans l’humanité, qui vient vivre avec nous, qui vient pleurer avec nous, qui vient manger avec nous, qui meurt et qui nous dit que la mort n’est pas la fin de tout puisqu’Il est vivant ! C’est pour moi la seule vérité. Cela étant nous n’assénons pas cette vérité pas sur la tête des gens sous prétexte que c’est notre foi. Chacun on peut y adhérer ou non. Notre objectif n’est pas de formater mais de faire théologie ensemble.
Presque la moitié des participants de l’AOT s’engage ultérieurement dans des actions ecclésiales ou au service de la cité. Et comme réussite, c’est extraordinaire. Mais le but n’est pas de les contraindre à aller à la messe ou au culte…
Je ne veux pas parler à la place des participants mais allez jeter un coup de l’œil sur le site web de l’AOT (aotge.ch), vous y trouverez des témoignages. Nous avons toute sorte de participants, il n’y a pas de prérequis. Ils arrivent comme ils sont, avec ce qu’ils croient et ce qu’ils ne croient pas. Il y a des agnostiques, des athées comme des traditionalistes, fondamentalistes, tous sont accueillis à l’AOT. La seule chose que l’AOT leur demande, c’est d’accepter de discuter de leurs convictions et de ne pas chercher à convaincre les autres qu’ils ont raison. Tous arrivent avec des attentes différentes. Certains parce qu’ils ne comprennent rien à la Bible, ils ont ouvert le bouquin et essayé de le lire dans l’ordre, mais la Bible, ce n’est pas un livre, c’est une bibliothèque, et donc ça ne marche pas. Bien sûr, l’AOT transmet un savoir, c’est une formation, pas uniquement un débat. Nous recevons parfois des participants qui viennent pour être confortés dans leurs idées de la foi et ils doivent comprendre que notre formation bouscule les idées reçues, la pensée toute faite. Alors… si l’on a peur d’être bousculé…
Je vais témoigner d’une personne qui pendant les trois premiers mois de la 23ème volée est rentrée chez elle en pleurant tous les lundis soir, et qui, en groupe, ne pouvait pas s’exprimer. A l’époque je me suis fait beaucoup de souci pour elle. Elle m’a répondu que je ne devais pas car elle-même commençait à comprendre pourquoi elle pleurait. Après ces premiers mois, elle est alors arrivée dans son groupe et a déclaré que jusqu’à présent, sa foi était un lego. Tout au long de sa vie elle avait construit son lego avec différentes pièces et elle s’était fabriqué son Dieu, sa foi, sa croyance, sa religion. Et l’AOT lui a cassé son lego. « Je me suis retrouvée comme une petite fille devant un jouet cassé. Et c’est pour cela que j’ai pleuré, m’a-t-elle dit. Mais maintenant je suis en train de le reconstruire, autrement ! » A la suite de sa formation, cette personne s’est engagée comme animatrice de groupe. Il s’agit de quelqu’un qui peut témoigner du fait que cette expérience a été très « bousculante » pour elle.
Oui, à ceux et celles qui doutent de leur foi, qui doutent de Dieu, de ce qu’ils entendent dans les Eglises, mais aussi aux personnes qui sont heureuses dans leurs paroisses et qui y trouvent beaucoup de choses. Et surtout, ce qui est extraordinaire, c’est que tout ce petit monde si différent se rencontre, s’écoute, discute, dans le respect. Nos groupes sont totalement mixtes. Nous équilibrons les âges, les sexes, les professions, les confessions.
Oui et non. C’est un peu comme un cours de gym, quelquefois on est fatigué et on n’a pas envie d’y aller mais on se pousse et l’émulation se crée entre les participants. Il s’agit bien d’un engagement qu’on demande à chaque participant, un engagement qui peut paraître énorme au début. Et pourtant, à la fin, beaucoup sont très déçus que cela se termine
Bien sûr, mais il faut être prêt à écouter ce qui se dit dans cette formation et à en débattre dans le respect. Le mot œcuménique ne doit pas porter à confusion. Il faut l’entendre au sens d’un dialogue entre chrétiens. Il ne s’agit pas d’une formation interreligieuse.
Non, ceux et celles qui suivent la formation le font aussi par une certaine curiosité des autres confessions. Ils ont une envie de découvrir, d’apprendre. Et les enseignants apprennent aussi des autres enseignants.
La volée qui s’achève a comme thème : « Découvrir la beauté de l’autre : chemins vers Dieu ? » Depuis ces dernières années tous les thèmes de volée contiennent un point d’interrogation.
Propos recueillis par Pascal Gondrand , paru dans Vie de l’Eglise mai 2021
Les inscriptions sont ouvertes !
Pour en savoir plus : Atelier Œcuménique de Théologie (AOT) Email : secretariat@aotge.ch / site : www.aotge.ch
Image: flyer de la prochaine formation de l’Atelier Œcuménique de Théologie